Quelle école voulons-nous ?

Numériser 0Ce livre, paru en 2001 dans la collection Pratiques et Enjeux Pédagogiques, est un des premiers débats sur l’école consécutif à « L’École que nous voulons », l’appel lancé par la Ligue pour la remise en question globale du système éducatif. Il consiste en une rencontre entre trois enseignants-chercheurs en sciences de l’éducation, Michel Develay, Alain Kerlan et Louis Legrand et Éric Favey, secrétaire national de la Ligue, enseignant de formation. En écho aux convictions partagées et réaffirmées de laïcité et de justice sociale, ils réfléchissent ensemble à l’actualisation et au renouvellement de l’ambition démocratique de l’école.

En pdf, vous retrouverez la seconde partie du livre, synthétisée ci-dessous. Cinq questions sont en débat, sous la conduite de Pascal Bouchard, journaliste spécialiste des questions d’éducation : qu’en est-il de la culture scolaire, de l’école unique et de la démocratie, de la place et du statut de l’enfant et de l’élève, des parents, de la place de l’école entre Europe et territoires ?

1. Les savoirs, la culture

La place et le rôle de l’école dans la société cognitive et la civilisation de masse – Culture scolaire et démocratie – Savoirs et nouvelles technologies – Pédagogie et culture

Michel Develay défend une conception anthropologique de la culture, « qui correspond à ce qui fait sens à chacun », plutôt que de privilégier sa dimension patrimoniale. Ainsi, il préconise que « l’école soit le lieu de découverte de la culture, {pour} s’intéresser d’abord à comprendre quel type de rapport au savoir vivent les élèves, pour être soucieux ensuite seulement de les faire accéder à la culture patrimoniale ». Il souligne que la culture « est davantage qu’empilement d’informations. Elle est problématisation, reliance et occasion de transferts de situations contingentes à des situations nouvelles. »

Pour Louis Legrand, « Le problème central posé par les rapports du savoir et de la culture est, d’une part, que l’école, en privilégiant une certaine forme de culture exclut des choses qui ne sont plus traitées qu’a l’extérieur de l’école, comme tout ce qui touche les arts et la technique (…) »

Les deux chercheurs doutent que l’emploi des nouvelles technologies dépassent leur fonction de lieu d’accès à la culture, et leur promettent en ce cas un « usage serait semblable à celui de l’encyclopédie ».

Eric Favey note que cet usage est celui qui est envisagé par l’institution scolaire, cependant que les enseignants s’interrogent sur « la capacité productive de ces technologies de l’information », et leur impact potentiel sur les méthodes pédagogiques participatives.

Tous s’accordent à considérer que c’est lorsque l’enseignant se fait pédagogue et médiateur des savoirs que l’école peut remplir sa fonction démocratique et émancipatrice.

2. La démocratie et l’école unique

La panne démocratique – L’école unique, la pédagogie, la culture

La « panne démocratique » n’est-elle qu’un slogan, l’école est-elle condamnée à une « panne démocratique à perpétuité » selon le mot de Michel Develay, ou, cette expression n’invite-t-elle pas à une ré-appréhension critique de l’école, et de la démocratie ? Selon Alain Kerlan, cette question « pose un problème de philosophie éducative et de philosophie politique », cristallisée autour du rôle et de la mission de l’école primaire et du collège.

3. Des enfants et des élèves. Les malentendus éducatifs

Les désaccords entre la jeunesse et l’école – Statut et place de l’enfant et de l’élève aujourd’hui

La discussion revient sur les rôles et responsabilités respectives des familles et de l’école, et sur le statut de l’enfant et de l’élève tels qu’ils furent construits historiquement. La question qui anime le débat est celle de la place de l’enfant en tant que personne derrière l’élève, tandis qu’Éric Favey souligne que « l’un des signes que c’est l’élève et non l’enfant qui intéresse l’institution est l’absence de traitement de la question des rythmes scolaires des enfants ». Pour Alain Kerlan, « L’école est le lieu d’existence et la condition de l’enfance et de l’adolescence, mais d’une enfance et d’une adolescence captées, captives de ce qui les institue, ce qui est sans doute la source du malentendu croissant entre la jeunesse et l’école ».

4. Les parents et l’école

Nouveaux partenaires ou nouvelle donne ?

Comment se négocie le passage « d’une école conçue comme un rouage de l’État à une école dans laquelle la société civile est de plus en plus partie prenante et impliquée » ? Les ambiguités qui résident autour des rôles de chacun alimente une méfiance respective. Pour Éric Favey, qui introduit le thème de la co-éducation, « Si l’école est un service public, il n’y a pas de raison, comme on le réclame pour d’autres services publics, que les usagers que sont les parents n’aient pas sur l’organisation de l’école, tant au point de vue national que local, une vraie place d’usagers : qu’ils soient véritablement associés à la l’administration du service public. »

5. De L’Europe aux territoires

Quelle école dans l’Europe ? Écoles et territoires

S’accordant à dire que « l’unité culturelle de l’Europe est devant elle et pas seulement derrière elle », les débattants discutent de la place qu’il faut accorder à l’histoire et à la mémoire commune dans la construction européenne. Comment articuler la profusion des échelles territoriales ( du quartier à la région, au pays, à l’UE… en passant par les échelles globales, ou encore virtuelles ) à l’exigence de l’universel ? Éric Favey expose l’idée de « projet éducatif territorial ». La discussion se conclue sur u échange autour de la question des langues régionales ou minoritaires.